Audition des envois de Rome
L’audition des derniers envois de Rome a été donnée jeudi soir au Conservatoire. Elle se composait d’une ouverture symphonique et de pièces d’orchestre, par M. Broutin, prix de 1878, et d’un fragment de grand opéra par M. Hüe, prix de l’an suivant. Le premier de ces morceaux n’a pas de plan bien arrêté et l’inspiration n’y est pas assez abondante. A force de courir après l’effet et de rechercher les subtilités harmoniques, le musicien n’arrive en somme qu’à produire la monotonie et à choque l’oreille par la brutalité exagérée des dissonances. Je préfère de beaucoup à cette ouverture, une petite pastorale et un scherzo qui ouvrent les Suites d’orchestre, et où on remarque du sentiment et de l’originalité. L’auteur du Tsarewich a été bien mal servi par son livret. Il n’y a rien, là-dedans, qui puisse tenter un compositeur en quête de situations dramatiques ou simplement de thèmes vocaux. Que dire, par exemple, de cet argument de la scène V : « Fedorova chante du dehors une chanson du temps où elle était bergère. » Et tout le reste est de pareille force. Aussi, sans nous attarder à juger M. Hüe d’après et envoi, nous constaterons simplement qu’on a applaudi une marche religieuse d’un beau caractère et un chœur ingénieusement construit sur des effets de timbres. En terminant, nous adresserons tous nos éloges à Mlle Laurence Barré, qui laisse déjà deviner une ravissante cantatrice, et à M. Fournets, dont la voix de basse fait merveille, à l’accoutumée.
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publication date : 16/10/23