Séance annuelle de l’Académie des beaux-Arts

La séance annuelle de l’Académie des Beaux-Arts a eu lieu l’autre samedi sous la présidence de M. Bouguereau, assisté de M. Charles Garnier, vice-président, et de M. le vicomte Delaborde, secrétaire perpétuel. On y a entendu d’abord une ouverture de M. Georges Huë, qui, bien faite assurément et habilement instrumentée, pèche un peu trop par la fraîcheur des idées. En ce qui concerne la proclamation des prix décernés par l’Académie, nous rappellerons que le prix Bordin, pour une histoire de la chanson populaire, a été remporté par M. Julien Tiersot ; que le prix Chartier, pour la musique de chambre, a été attribué à M. Gabriel Fauré ; enfin, que M. X. Boisselot a eu une part du prix Trémont. L’intérêt véritable de la séance était concentré, d’un côté, dans la lecture, par le vicomte Delaborde, d’une fort intéressante notice sur le sculpteur Augustin Dumont, de l’autre sur l’exécution de la cantate qui a valu cette année le grand prix de Rome à M. Xavier Leroux. Cette cantate a produit sur l’auditoire une excellente impression. Si l’on retrouve volontiers chez le jeune compositeur comme un écho de la manière et du style de son maître, M. Massenet ; on y rencontre aussi une dose très réelle de personnalité, un sentiment mélodique pénétrant, une remarquable habileté de facture, et surtout un incontestable sens dramatique et scénique. M. Leroux est évidemment doué et paraît avoir un bel avenir. Il avait d’ailleurs d’excellents interprètes en la personne de M^me Salla-Uhring, dont la belle voix et le beau style ont fait merveille dans le rôle de Diane, et de MM. Bouhy et Muratet, qui, en compagnie de leur charmante partenaire, se sont fait vivement applaudir dans ceux de Pan et d’Endymion. Chose singulière ! M. Massenet, retenu sans doute à l’Opéra par une répétition du Cid, n’assistait pas à la séance et n’a pas joui du triomphe de son élève.