Déjanire

Le 11 novembre 1898 nous assistions, à l’Odéon, à la première représentation d’une tragédie en quatre actes et en prose rythmée, Déjanire, de Louis Gallet, dans laquelle la musique tenait une place importante. Cette musique était écrite par M. Saint-Saëns, et l’ouvrage avait été conçu en vue de l’inauguration des spectacles en plein air des Arènes de Béziers, où il avait paru quelques semaines auparavant, le 28 août. La partition dramatique de M. Saint-Saëns contenait surtout des chœurs et des danses d’un grand effet. Mais le compositeur n’entendait pas perdre le fruit d’une œuvre qui lui semblait comporter un développement lyrique complet. Il condensa et comprima le drame de Louis Gallet de manière à en faire un livret, puis reprit sa partition, qu’il compléta au contraire et dont il fit un véritable opéra. C’est cet opéra, cette Déjanire nouvelle édition, qui vient de faire son apparition sur le théâtre de Monte-Carlo, mardi dernier 14 mars, au bruit des acclamations et avec un succès éclatant. L’interprétation, superbe, était confiée à Mmes Félia Litvinne (Déjanire), Dubel (Iole), Bailac (Phénice), et à MM. Muratore (Hercule) et Dangès (Philoctète). Les chœurs ont été merveilleux, ainsi que l’orchestre, et les danses avec chant du dernier acte ont produit un effet délicieux, contrastant par leur grâce avec le caractère puissant et vigoureux de l’œuvre.