Skip to main content

Carmen de Bizet

Category(ies):
Publisher / Journal:
Publication date:

La place nous manque pour parler aujourd’hui, avec quelques détails, de l’œuvre nouvelle de M. Bizet, dont la première représentation a été donnée hier à l’Opéra-Comique. Nous y reviendrons à notre prochain feuilleton.

Nous aurions été aise de constater dès à présent un grand succès – mais la vérité est que nous n’osons guère y croire. Si le public des représentations qui vont suivre casse ce jugement sommaire, nous en serons enchanté, mais nous le souhaitons plus que nous ne l’espérons.

La partition de M. Bizet nous a, à une première audition, paru froide, tourmentée, travaillée à l’excès, manquant d’inspiration vraie et suppléant par une recherche extrême à l’idée qui ne vient pas. Cette musique, qui doit être fort difficile, a dû coûter beaucoup de peine à ses interprètes, mais elle manque de clarté, d’élan et de flamme. C’est un feu qui fume et ne flambe que par éclairs, trop rares.

Nous reviendrons sur ce sujet.

Pour ce qui est du libretto, MM. Meilhac et Halévy, avec tout leur esprit et tout leur savoir-faire éprouvés, ont trouvé le moyen d’assombrir encore la sombre nouvelle de Mérimée. Leur pièce est lugubre.

Les auteurs n’ont, du reste, qu’à se louer du public. L’auditoire très brillant qui était venu pour eux ne demandait qu’à admirer et à applaudir, et l’a prouvé à plusieurs reprises.

Les décors et les costumes sont très beaux. M. Du Locle n’a rien ménagé, et, si Carmen ne réussit pas, à coup sûr ce ne sera pas sa faute.

Quant à l’interprétation, M. Lhérie d’abord, très dramatique et très en scène pendant les quatre actes (surtout les deux derniers), Mlle Chapuy, toujours charmante et bienséante, et M. Bouhy qui chante fort bien, mais le sait trop – constituent un excellent trio.

Mme Galli-Marié...! – Nous en reparlerons.

Restent les petits rôles. – Deux seulement sont tenus par Mlles Ducasse et Chevalier, l’une et l’autre un peu dépaysées (ceci est à leur louange) dans leurs personnages de gourgandines, mais qui ont très bien chanté le « duo des cartes » au troisième acte. Elles sont moins bonnes au second.

Quant aux hommes, il vaut mieux n’en rien dire.

Le costume espagnol gris et noir de Mlle Ducasse, au troisième acte, mérite une mention spéciale ; il est charmant et elle le porte à ravir. Quel est le peintre qui a dessiné ce petit chef-d’œuvre de couleur locale, d’élégance et de goût ?

Une remarque cependant à propos de cette artiste : – Pourquoi l’employer ainsi à un rôle de simple choryphée ? elle vaut mieux que cela et l’a prouvé vingt fois. C’est plus que de l’injustice, c’est du gaspillage.

C.D. [Charles Deulin]

Related persons

Composer, Pianist

Georges BIZET

(1838 - 1875)

Related works

Carmen

Georges BIZET

/

Henri MEILHAC Ludovic HALÉVY

Permalink