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Premières représentations. Variétés. Mam’zelle Nitouche

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Premières représentations
Variétés : Mam’zelle Nitouche, comédie en trois actes, de MM. Meilhac et Alb. Milhaud, musique de M. Hervé

Au temps jadis, les auteurs dramatiques ne se faisaient aucun scrupule de bâtir des drames nouveaux sur les sujets déjà mis en œuvre par leurs prédécesseurs ; ils considéraient ces sujets comme une sorte de fonds banal appartenant à l’humanité entière, et ils ne se considéraient pas comme de malhonnêtes gens pour avoir été chercher leur bien dans les comédies des Grecs, des Latins ou des Espagnols.

Aujourd’hui tout est changé : depuis qu’une loi tutélaire a garanti, en France, la propriété littéraire et musicale, les auteurs ont fait preuve d’une âpreté singulière : chacun d’eux, s’est empressé de crier au voleur chaque fois que le voisin grapillait sur les mêmes terres que lui. La plus pauvre intrigue vaut son pesant d’or et crée des droits à celui qui prétend l’avoir lancée le premier dans la circulation.

Feu M. Scribe pourrait, à ce compte, intenter de fructueux procès à bon nombre de librettistes contemporains, Il pourrait, en particulier, demander une part de droits à MM. Meilhac et Alb. Milhaud qui viennent d’adapter le Domino noir au goût des spectateurs des Variétés, sou le titre nouveau de Mam’zelle Nitouche. Comment Mam’zelle Nitouche quitte le couvent des Hirondelles de Ponterai, sous la protection du vertueux organiste Célestin, pour aller à Paris épouser un jeune lieutenant de dragons ; comment, au lieu de prendre le train, elle va au théâtre où l’organiste, sous le faux nom de Floridor, vient présider à la première représentation d’une opérette de sa composition ; comment elle est amenée à remplacer au pied levé le rôle de la diva qui, jalouse de Floridor, quitte le théâtre avec un major de cavalerie ; comment elle arrive dans une caserne, avec le même Floridor, pour chanter une chanson à boire, et comment elle rentre au couvent pour échapper à la colère du major, c’est ce qui n’intéresse que médiocrement l’histoire de la littérature du dix-neuvième siècle. Qu’il vous suffise de savoir que Mam’zelle Nitouche, c’est Mme Judic. Elle chante comme d’habitude des paroles plus ou moins spirituelles sur des airs plus ou moins heureux du maestro Hervé ; peu importe ce qu’elle dit, peu importe ce qu’elle chante ; elle charme, c’est l’essentiel, et le public idolâtre, qui n’en demande pas davantage, ira l’applaudir durant deux cents représentations.

A côté de Mme Judic, M. Baron a obtenu un vif succès dans le rôle amusant de Célestin-Floridor, l’organiste compositeur d’opérettes. M. Christian a renoncé à ses calembours habituels pour jouer, avec une dignité inattendue, le personnage du major de dragons : c’est un Christian nouveau qui s’est révélé aux spectateurs stupéfaits, un Christian élégant et homme du monde ; il ne lui reste plus qu’à devenir sociétaire de la Comédie-Française.

A. E.

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HERVÉ

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Henri MEILHAC Albert MILLAUD

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publication date : 23/09/23