Séance annuelle de l’Académie des beaux-arts
Hier a eu lieu à l’Institut la séance annuelle de l’Académie des Beaux-Arts, sous la présidence de M. Ambroise Thomas. Cette cérémonie avait bien perdu de son éclat depuis qu’un décret impérial avait enlevé à l’Académie le jugement des grands prix de musique. En recouvrant ce droit, l’Institut a repris son ancien usage de faire exécuter solennellement la cantate couronnée. On a joué, au début de la séance, une ouverture de M. Rabuteau, morceau de musique sagement fait, mais de peu d’inspiration, agrémenté d’effets dans le style de Mendelssohn, et où les cuivres jouent un rôle exagéré. M. Ambroise Thomas, prenant ensuite la parole, s’est fait l’interprète du corps académique, pour remercier le gouvernement d’avoir ramené les musiciens dans leur véritable famille artistique ; puis il a proclamé les prix de Rome et ceux décernés par l’Institut : dans le nombre figurent trois musiciens, MM. Poise, Cadaux et G. Pfeiffer. M. Beulé a prononcé à son tour l’éloge de l’architecte Duban ; enfin, on a exécuté la cantate de M. Salvayre, Calypso. Nous pensons qu’en présence d’élèves à peine sortis de l’école, il faut bien moins appuyer sur les défauts que sur les qualités… Quand il s’en trouve. M. Salvayre paraît avoir beaucoup travaillé, mais aussi beaucoup retenu. Il n’a pas mal traité l’entrée de Télémaque et de Mentor : la romance du ténor est joliment tournée, et la scène entière est bien orchestrée. Le duo amoureux de Calypso avec Télémaque et le trio final ne sont pas aussi bien venus, tant s’en faut. On peut y louer toutefois un gracieux dessin d’orchestre sous la phrase de Mentor : « Un vent propice et frais ». Cette cantate est, à coup sûr, l’œuvre d’un jeune homme qui sait : nous verrons bien si l’inspiration et l’originalité lui viennent avec le temps.
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Calypso (Victor Roussy)
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publication date : 02/11/23