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Rapport sur les envois de Rome

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Rapport de l’Académie des Beaux-Arts sur les envois de Rome en 1876. Composition musicale.

« Avant de commencer l’examen des travaux envoyés par les pensionnaires musiciens, l’Académie tient à exprimer le chagrin que lui a causé la perte du jeune Ehrhart, mort à vingt et un ans, au commencement de sa deuxième année de pension, et dont les premières œuvres annonçaient un symphoniste distingué. Les fragments de musique instrumentale composés par lui et exécutés au Conservatoire dans la dernière des séances consacrées aux envois des pensionnaires ne peuvent qu’ajouter aux regrets qu’inspira la fin subite de ce jeune artiste.

M. Puget (2e année).

L’envoi de M. Puget se compose d’une Messe brève et d’un opéra comique en un acte intitulé : Célia.

Le Kyrie de ma messe est assez bien fait et ne manque pas de style ; mais le début du Gloria n’a pas le caractère religieux. Tout ce morceau d’ailleurs, quoique habilement conduit, a le tort de renfermer trop de formules scolastiques et des exagérations que ne comporte pas la musique d’église.

Le Sanctus a de l’ampleur et de la solennité ; c’est le meilleur numéro de cette Messe brève. L’Agnus Dei, d’un bon caractère, est trop développé et se termine par un mouvement qui tourne un peu à la violence.

En somme, la Messe de M. Puget n’est pas écrite avec assez de soin et n’accuse pas un sentiment religieux très prononcé.

L’opéra comique de Célia, au contraire, révèle chez le compositeur un vif instinct de la scène. Sans doute, on y reconnaît encore un musicien peu soigneux, bien que parfois assez recherché ; mais ce musicien, du moins, rachète en partie ce qui lui manque comme écrivain par un heureux sentiment des convenances théâtrales et par beaucoup d’expression dramatique.

Des couplets piquants, animés et spirituels, une bonne cavatine pour voix de baryton, d’un tour distingué et d’un style très expressif, un duo dramatique qui débute avec chaleur et qui renferme de jolis détails d’instrumentation, une symphonie d’un caractère doux et poétique, voilà les pages les plus dignes d’être remarquées dans cet ouvrage. On pourrait citer encore le duo qui le termine, si quelques longueurs n’en compromettaient l’effet et n’en déparaient l’allegro chaleureux et mouvementé. Que M. Puget se garde de l’oublier ; sans l’art d’écrire, on ne produit rien de durable. L’Académie espère qu’il redoublera d’efforts pour arriver à posséder pleinement cet art nécessaire et à prendre parmi les compositeurs dramatiques le rang auquel il semble destiné, depuis le jour où il a composé la cantate remarquable qui lui a valu le premier grand prix.

M. Salvayre (3e année).

Pour son envoi de troisième année, M. Salvayre a soumis à l’Académie deux ouvrages : une scène instrumentale intitulée les Bacchantes, et le Psaume CXIII.

La symphonie des Bacchantes est un morceau intéressant. Elle débute par un andante d’une jolie couleur et d’un sentiment plein de charme. L’allegro a de la chaleur. Les motifs principaux en sont élégants et bien rythmés. On pourrait toutefois reprocher à cette bacchanale une fin un peu brusque et écourtée ; mais, dans son ensemble, la scène instrumentale écrite par M. Salvayre dénote une main habile et offre d’excellents effets de sonorité.

Le psaume CXIII, grand chœur avec accompagnement d’orchestre, comprend quatre morceaux :

1oIn exitu Israël, chœur coloré d’un grand style ;

2oNon nobis Domine, prière d’un beau caractère ;

3oSimulacra gentium, morceau habilement disposé pour les voix, mais écrit un peu haut pour les dessus, ce qui rend difficile l’articulation des paroles ; la péroraison de ce chœur est remarquable ;

4oQui timent Dominum, andante large d’un sentiment élevé, d’un style noble et sévère, qui termine heureusement cette composition.

Les deux ouvrages qui viennent d’être examinés justifient pleinement les espérances que les précédents envois de M. Salvayre avaient fait concevoir. Ce jeune compositeur, déjà plusieurs fois applaudi par le public, semble appelé à un bel avenir. Il est de ceux qui, prémunis par de longues et fortes études contre les écueils que tant d’autres n’ont pas su reconnaître et éviter, marchent résolument dans la bonne voie.

Le Secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts,
Vicomte Henri Delaborde. 

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Composer

Gaston SALVAYRE

(1847 - 1916)

Composer

Paul PUGET

(1848 - 1917)

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