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Académie des beaux-arts. Séance publique annuelle

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ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS.
Séance publique annuelle, le samedi 20 octobre 1877. 

L’année dernière, l’Académie, pouvant disposer des fonds laissés par suite de la mort du regretté Erhardt, avait distribué deux premiers grands prix ; moins libérale cette année, elle n’a donné qu’un second prix ; ajoutons cependant que ce résultat n’avait pas été obtenu sans lutte. On comptait six concurrents, dont quelques-uns, comme M. Dutacq, premier second grand prix de 1876, avaient beaucoup de chances. Le jury des musiciens n’avait pas jugé le concours suffisant pour décerner un premier prix ; l’Académie accorda quinze voix contre douze à M. Dutacq ; mais les deux tiers des voix étant nécessaires, on procéda à de nouveaux scrutins. Cinq fois on revint à la charge, et, après maintes discussions, le nom de M. Dutacq resta au fond de l’urne, d’où ne sortit que celui de M. Blanc, élève de M. Bazin, et encore pour la seconde couronne. Une mention honorable des plus encourageantes était accordée à M. Broutin, élève de M. Victor Massé. 

C’est par une ouverture de M. Salvayre que la séance a commencé. M. Salvayre n’est plus un élève ; il a donné, dans le Bravo, la mesure de son talent, et il compte parmi les jeunes qui nous offrent le plus d’espérances. Son ouverture, intitulée les Bacchantes, est une page descriptive, telle que l’école moderne aime à en écrire aujourd’hui. Elle débute par une sorte de choral et un andante avec sourdines ; pendant toute cette première partie, les prêtresses de Dionysios, recueillies pieusement, semblent se préparer par la plus fervente des prières aux mystères sacrés ; mais la danse commence, et cet allegro est une sorte de ballet plutôt qu’une ouverture. Les rythmes en sont distingués et entraînants, mais les sujets se suivent sans se fondre et sans se développer. Tout ce morceau a de la chaleur, de la variété, et l’orchestre, pittoresque et coloré, est écrit avec soin. Au résumé, cette ouverture est en tout point digne de l’auteur du Bravo

[...]

L’exécution de la cantate terminait la séance. M. Blanc, à la vérité, n’a que le second prix, mais je connais quelques compositions, couronnées les premières, qui ne sont pas de beaucoup supérieures à la sienne. Il a de la grâce, de l’élégance ; il recherche avec soin la justesse dans l’expression, et sa déclamation a un tour mélodique souvent remarquable. Le principal défaut de sa cantate est d’être un peu terne et monotone ; mais il faut avouer que cette pastorale de Rébecca à la fontaine est peu féconde en épisodes dramatiques. C’est simple, mais froid, sans passion, ni amour, ni colère. Pour varier un peu les effets, M. Barbier a cru devoir introduire dans cette scène, toute de calme et de grâce, une fureur de Laban que rien n’explique. La piété de Siméon, la gracieuse charité de Rébecca, voilà les seuls vrais éléments de cette cantate, et le musicien, livré à lui-même, n’avait plus qu’à se réfugier dans l’élégance du style, ne pouvant donner carrière ni à sa passion ni à son sentiment dramatique. 

M. Blanc a montré de sérieuses qualités ; son début descriptif, fait un peu à la manière de Félicien David, est bien écrit. On a applaudi, dans la première scène, un air de baryton un peu banal, mais bien fait, et de jolis passages dans les récitatifs. La scène de Siméon est d’une grâce un peu molle ; cependant, elle contient de bonnes intentions, comme le dialogue de Siméon et de Rébecca, et le délicat accompagnement qui soutient la romance de cette dernière. 

La scène finale en trio est la moins bonne ; mais ici, la faute est au poëte plutôt qu’au musicien ; celui-ci n’ayant vraiment rien à dire, a forcé la note sans produire d’effet. 

La cantate de M. Blanc a été chantée par Mlle Mendès et MM. Fürst et Manoury, qui l’avaient déjà exécutée devant les juges du concours.

H. LAVOIX fils.

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