Andromaque
Tragédie lyrique en 3 actes créé à l'Académie royale de musique le 6 juin 1780.
Grétry composa sa première tragédie lyrique sur une adaptation de la pièce de Racine (1667) à l’époque où s’installait la mode de mettre en musique le répertoire de la Comédie-Française (Le Cid, Phèdre, Électre, Médée, Sémiramis, etc.). Louis-Guillaume Pitra condensa les cinq actes afin d’obtenir un livret en trois actes, conservant plus de quatre-vingts vers du texte original. Composée en 1778 (en trente jours, si l’on en croit Grétry), la partition fut créée le 6 juin 1780 à l’Académie royale de musique, et modestement applaudie. Le public ne goûta guère le dénouement tragique (converti en fin heureuse pour la reprise de 1781, de fait bien reçue). Il blâma aussi les divertissements réduits à une portion congrue et l’abondance de chœurs : autant d’idées qui dépoussiéraient le genre pour le conduire sur des voies nouvelles. Ainsi, le chœur n’est plus un bloc monolithique, mais un véritable personnage qui dialogue avec les solistes, s’immisce dans leurs airs au reste fort brefs et jamais virtuoses. Là où Grétry se montre particulièrement audacieux, c’est dans la recherche de continuité (devançant en ce domaine l’Idomeneo de Mozart, créé en 1781). Les conclusions des airs se dérobent pour conduire à la séquence suivante, la rapidité de l’enchaînement des épisodes favorisant les contrastes dramatiques et les changements de couleur (notons l’idée superbe d’accompagner les récitatifs d’Andromaque par trois flûtes faisant harmonie). Si Grétry composa dans la foulée sa deuxième tragédie lyrique, Électre, il n’acheva pas la dernière, Œdipe à Colonne, car il estimait qu’il ne pourrait s’y renouveler : « Plus j’eus de facilité à traiter ce genre, plus je me persuadai qu’il n’y avoit qu’une manière de le faire. » Andromaque peut être considérée aujourd’hui comme l’une des expériences les plus réussies de renouvellement de la tragédie lyrique à l’époque de Gluck.