Astarté
Opéra en 4 actes et 5 tableaux, créé à l’Opéra (Palais Garnier), le 15 février 1901.
Connu pour ses musiques de scène, notamment écrites pour les pièces de Sardou, et Évangéline, sa première œuvre lyrique (1895), Leroux entreprend l’écriture d’Astarté qu’il destine à l’Opéra. Le poème est signé par Louis de Gramont, que Leroux a déjà mis en musique avec son cycle de mélodies Les Estampes. L’histoire est celle d’Hercule combattant le culte d’Astarté célébré par la reine Omphale. Alors que le héros rassemble ses troupes, son épouse Déjanire le met en garde contre ce projet et charge sa pupille Iole de suivre sa trace. Arrivés à Sardes, les soldats envoûtés déposent aussitôt les armes et Hercule s’éprend d’Omphale dès le premier regard. Quand Phur, le grand prêtre d’Astarté, célèbre le culte de la déesse, Hercule rejoint Omphale dans une orgie mystique. Le matin venu, Hercule se voit prêt à épouser la souveraine, mais celle-ci s’y refuse et facilite la mission d’Iole. Celle-ci offre à Hercule la tunique du centaure Nessus, un talisman capable de ramener le héros auprès de son épouse. Mais lorsque l’infidèle Hercule revêt la tunique, il s’embrase aussitôt et avec lui la cité tout entière. Si certaines libertés sont prises à l’égard du récit mythologique, le livret demeure propice à servir le grand genre lyrique. Malgré une écriture à la fois subtilement teintée de wagnérisme et digne héritière de l’école française, la critique relève le manque d’inspiration mélodique de la partition. La déploration de Déjanire et les adieux des époux au Ier acte, les cérémonies orgiaques du IIe acte et le leitmotiv d’Hercule attestent cependant d’un langage hautement expressif et confirment la destinée théâtrale de Leroux. Créée dans une mise en scène fastueuse, l’œuvre remporte un vif succès mais ne parvient pas à s’inscrire au répertoire.