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Les Barques

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C’est en 1897 que Schmitt compose Les Barques, mélodie pour voix et piano sous-titrée Barcarolle. Éditée en 1898, l’œuvre constitue le huitième opus du musicien. Le texte est l’œuvre du célèbre dandy parisien, homme de lettres et critique d’art, le comte Robert de Montesquiou, proche de Sarah Bernhardt autant que de Marcel Proust. D’un style épuré et imagé, le poème décrit l’évolution successive des barques sur « le flot changeant, de tous les tons au fil de l’heure, arc-en-ciélé ! ». D’abord cygnes blancs sur le lac vert pâle, les barques se font roses de midi, puis bleues de crépuscule et enfin cygnes noirs du lac bleu nuit. L’écriture musicale de Schmitt repose ici sur une cellule rythmique simple qui conduit le mouvement mélodique. Faîte de croches déplacées des temps forts par un demi-soupir, une noire pointée ou une liaison, la mélodie se déroule à la fois sans régularité et sans heurts, toujours harmonieusement. Le déplacement des appuis installe une sensation de superposition de métriques binaire et ternaire qui épouse pleinement le sujet des barques flottant sur l’onde. Si la mélodie se déroule d’elle-même, sa désinence toujours descendante couplée à un chromatisme étonnant qui semble préfigurer Schoenberg participent à cette atmosphère crépusculaire et fantomatique de la pièce. Par l’équilibre des moyens mobilisés, son adéquation entre musique et poème et son langage éminemment moderne, Les Barques transfigure le cadre habituel de la mélodie. L’œuvre existe d’ailleurs dans une version orchestrée.

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