Berceuse pour flûte et piano
Lucien Durosoir a composé trois œuvres pour la flûte, instrument qu’il associe par ailleurs à des œuvres de musique de chambre dans lesquelles son rôle peut être prédominant (Idylle, Jouvence). La Berceuse, dernière composition de cette année 1934, sera suivie, quelques mois plus tard, par Le Vent des Landes, pour les mêmes instruments. Cette pièce profondément nostalgique, a été écrite lors des jours qui ont précédé la mort de sa mère ; le compositeur la qualifiera, plus tard, de « Berceuse funèbre » : lorsqu’il notera, en 1950, qu’il en a réutilisé la mélodie pour son Chant élégiaque composé à la mémoire de Ginette Neveu. « Ce mois de février s’est écoulé sans histoire, avec un temps généralement froid et monotone. J’ai pendant ce temps écrit un Chant élégiaque à la mémoire de Ginette Neveu. Je me suis servi de la ligne mélodique de ma Berceuse funèbre dont j’ai complètement refait tous les dessous et toutes les lignes accompagnantes ». À ses yeux, la récriture était d’ailleurs« de beaucoup supérieure »à la première épreuve. Déjà funèbre, donc, cette berceuse où la flûte, même si elle s’évade parfois vers un registre très aigu accompagné de rythmes vifs et changeants, ne se départit jamais vraiment de sa tristesse rêveuse ; la poésie du clavier s’exprime tantôt par de longs trilles, tantôt par de calmes et vastes arpèges ou encore par des épisodes plus flous, superpositions de rythmes pairs et impairs qui favorisent l’errance de la pensée.