Cavatine de Norma (Bellini)
On connaît la place importante qu’occupe Vincenzo Bellini dans le contexte musical français du début du XIXe siècle, son amitié avec Chopin, l’important nombre de transcriptions, de paraphrases et de pots-pourris qui découlent directement de son œuvre. Louise Farrenc s’inscrit dans ce mouvement, en s’appuyant sur ce qui deviendra un des succès de Bellini les plus passés à la postérité, avec son thème varié sur la Cavatine de Norma. L’œuvre est publiée en 1835, année de la première représentation française de la tragédie lyrique au Théâtre-Italien de Paris. C’est au côté de deux autres cavatines, issues de la Straniera de Bellini et de la Bérénice de Carafa que prend place cette œuvre, au sein d’un recueil nommé « Les Italiennes », dédié à Laure Duperré, fille du ministre et amiral de France Guy-Victor Duperré, et élève de Chopin. Si Louise Farrenc s’inscrit ici dans la perpétuation de genres très en vogue au XIXe siècle, on ne décèlera pour autant aucune facilité gratuite dans un art du développement qui est toujours parfaitement maîtrisé. Le thème – un des plus célèbres de Bellini – apparaît, selon les usages, après une courte cadence aux allures improvisées. Ce dernier ne tarde pas à recevoir une série de variations pour lesquelles la compositrice puise dans l’arsenal de possibilité techniques et virtuoses qui s’offrent à elle : modifications ornementales et rythmiques, relances dynamiques dont l’impulsion part souvent de l’accompagnement afin de varier les formes de disposition instrumentale, final « à la polonaise » envoûtant et apportant l’adhésion immédiate.