La Chanson des aventuriers de la mer op. 2

Cette mélodie avec chœur, composée en 1870 et publiée en 1871 chez Marcel Colombier, fut dédiée par d’Indy à son cousin Edmond de Pampelonne, officier de marine. En choisissant Victor Hugo, le jeune musicien confirme sa prédilection pour le grand écrivain romantique : lecteur de ses romans, il a entrepris en 1869 un opéra d’après son drame Les Burgraves (1843). Ses vers lui inspirent aussi plusieurs mélodies parmi lesquelles cette Chanson, dont il conserve huit des douze couplets, récit des exploits et mésaventures d’un équipage de marins. Au dédicataire, d’Indy avoue : « ce n’est certainement pas ce que j’ai fait de meilleur, mais il y a de l’entrain. » Après un refrain de huit mesures en mi majeur confié au chœur d’hommes à deux voix (« En partant du golfe d’Otrante »), le premier couplet est chanté par le soliste dans un mouvement de barcarolle. Le compositeur débutant fait preuve de recherche dans le choix des harmonies et des tonalités (non sans quelques maladresses dans les modulations), ainsi que dans la prosodie des couplets, qui fonctionnent par paires. En 1872, il réalise de cette œuvre un arrangement avec accompagnement d’orchestre à cordes et piano et en dirige la première audition à Bayeux, le 4 juillet 1872. Celle-ci se solde par une « débâcle complète ». Mais le musicien qui fait là ses débuts de chef d’orchestre observe, philosophe : « Il est vrai que Berlioz a commencé ainsi. » Quelques années plus tard, il reviendra à la forme de la mélodie avec chœur (illustrée précisément par Berlioz dans ses Mélodies irlandaises) avec La Chevauchée du Cid.