Le Chasseur maudit
Poème symphonique
Un comte rhénan commet le sacrilège de partir à la chasse, indifférent au son des cloches et au chant des fidèles qui se rendent à l’office dominical. Mais bientôt, son cheval s’arrête, son cor devient muet. Une voix terrible profère sa malédiction : le chasseur est condamné à une chevauchée éternelle, poursuivi par des démons. Tel est l’argument du poème symphonique que Franck compose d’après la ballade de Gottfried August Bürger, publiée en 1786. Le poème, titré en allemand Der wilde Jäger (littéralement « Le Chasseur sauvage »), était connu en France grâce à la traduction de Gérard de Nerval (1830). En 1881-1882, Franck s’en inspire pour un poème symphonique créé sous la direction d’Édouard Colonne, le 31 mars 1883 à Paris, salle Érard, dans le cadre d’un concert de la Société nationale de musique. Dans le résumé de l’action placé en tête de la partition, il écarte les scènes d’oppression sociale (chez Bürger, le chasseur détruit les biens des paysans pour assouvir son plaisir), et conserve des thèmes éminemment romantiques : la chevauchée fantastique, la nature peuplée de forces obscures, la faute punie par une malédiction. Constituée de quatre parties reliées par des transitions, la partition évoque successivement la ferveur des fidèles tandis que le comte part à la chasse (Andantino quasi allegretto), la folle cavalcade ponctuée de fanfares cuivrées (Poco più animato), la malédiction (Molto lento), le tourbillon infernal qui emporte le chasseur impie (Allegro molto – Quasi presto). La conclusion témoigne de l’admiration de Franck pour le « Songe d’une nuit de sabbat » de la Symphonie fantastique de Berlioz.