Concerto pour piano et orchestre no 2 en mi bémol majeur
Allegro maestoso – Andante – Rondo. Moderato
Le Concerto pour piano no 2 est composé alors que le jeune Hérold, récemment diplômé du Conservatoire en piano, cherche à se faire connaître sur la place parisienne par différents moyens : tout d’abord comme virtuose de concert, ensuite comme compositeur de pièces élégantes et – pour certaines – ambitieuses, enfin comme accompagnateur de chanteurs qui pullulent dans les salons aristocratiques de l’Empire. On n’a pas gardé de traces précises permettant de déterminer la date et le lieu de création de ce deuxième concerto, joué peut-être de manière confidentielle avec un effectif orchestral aménagé pour l’occasion. Par ses dimensions et son discours thématique, l’œuvre appelle pourtant une exécution en grande pompe et tente d’égaler les pièces les plus emphatiques du moment : on pense surtout aux concertos de Dussek, lequel s’était produit à plusieurs reprises à Paris dans les années qui précédaient. L’Allegro maestoso initial, dans le ton de mi bémol majeur, expose un thème aux contours héroïques complété par un dessin plus lyrique. Le second motif, présenté aux cordes, illustre le contraste habituel qui sous-tend la forme sonate, mais engage un tutti particulièrement étendu, notamment grâce à une série de développements contrapuntiques intéressants. L’entrée presque cadentielle du piano laisse ensuite la place à quelques effusions virtuoses qui – sans reprise officielle du premier thème (pourtant esquissé à la main gauche sous les arpèges de la main droite) – conduisent à l’élégant second thème. Traits et octaves achèvent cette première partie que dynamise encore un véhément tutti d’orchestre. C’est alors que naît l’étonnement : la partie centrale – le développement – présente de manière inattendue une séquence libre (dans le ton de ré bémol majeur) où les fioritures acrobatiques s’empilent à la manière d’un cantabile de Bellini ou d’un nocturne de Chopin. Visage étonnamment moderne que vient parachever un passage de bravoure en marche harmonique particulièrement impétueux. Le second mouvement – Andante – ne conserve que les deux flûtes et les deux hautbois en plus du quintette à cordes. Sorte de romance strophique avec refrain varié, il s’achemine tel un mouvement de symphonie de Haydn, visitant les contrées harmoniques les plus variées avec une grâce et une simplicité à la fois touchante et raffinée. Le final (Rondo. Moderato) fait irrémédiablement penser aux mouvements « alla caccia » (« de chasse ») que prône le classicisme tardif, et en particulier au final du Concerto pour piano no 22 de Mozart, écrit dans la même tonalité. La mesure à 6/8 autorise d’efflorescentes figures en sextolets que se partagent les deux mains. Des modulations hardies permettent à Hérold de renouveler périodiquement l’intérêt du discours musical.