Concerto pour piano et orchestre no 4 en mi mineur
Allegro – Rondo. Moderato assai
Le Concerto en no 4 est le premier – et le seul – des quatre concertos de Hérold à utiliser une tonalité mineure, oscillant entre Sturm und Drang et préromantisme. La page de titre de la partition autographe (conservée à la Bibliothèque nationale de France) porte l’indication « août / 1813 / Roma », ce que confirme une lettre d’Hérold à sa mère, en date du 10 août 1813 : « Je viens de terminer un quatrième concerto pour jouer à Naples. » L’œuvre rassemble 2 flûtes, 2 hautbois, 2 cors, 2 bassons et les cordes autour du piano solo. Elle adopte une découpe assez rare pour l’époque en deux mouvements : Allegro (2/2, mi mineur) et Rondo. Moderato assai (2/4, mi majeur). La concision de ce concerto est renforcée par une gestion très expérimentale de la forme sonate, et de l’éternelle problématique de la double exposition dans le premier mouvement, le soliste devant normalement répéter avec le même cheminement tonal ce que l’orchestre avait d’abord énoncé. Hérold utilise différents subterfuges élégamment agencés : ainsi, le second thème du premier mouvement est d’abord discrètement entendu à l’orchestre, dans le ton principal, comme une sorte de coda d’exposition, et seul le soliste sera chargé de lui donner tout son relief. Le développement – amorcé sans tutti de transition – est également intéressant parce qu’il juxtapose passage libre et travail « beethovénien » du motif principal, et s’enchaîne avec panache à la réexposition (toujours sans tutti d’orchestre, normalement obligé à cette époque). Le rondo fait entendre un refrain d’une élégance toute schubertienne, qui encadre des épisodes contrastants dont les modulations hardies trahissent la fougue juvénile d’Hérold autant que son génie révolutionnaire. Classique par certains aspects, l’œuvre anticipe à son tour le concerto romantique de pure virtuosité. Le mérite d’Hérold, toutefois, est d’avoir su se garder d’une trop grande prolixité dans les passages et d’avoir appliqué au concerto les meilleurs éléments syntaxiques de la symphonie classique.