Deux Légendes S 175 : 2. Saint François de Paule marchant sur les flots
La composition des Deux Légendes se situe entre 1863 et 1865, période au cours de laquelle Liszt – suite au décès de sa fille Blandine – trouve une consolation dans de la religion catholique. Les deux pièces, que Liszt interprète en première audition devant Pie X le 11 juin 1863, sont des descriptions de scènes de deux Saint-François : la prédication aux oiseaux de Saint François d’Assise ; la marche sur les flots de Saint François de Paule. En choisissant ses saints patrons, Liszt nous livre ici clairement un témoignage de son état d’esprit au cours de la crise personnelle qu’il traverse. Au caractère aérien et lumineux de la première pièce fait suite une œuvre tumultueuse au cours de laquelle le personnage central – symbolisé par un thème de choral – traverse inébranlable les flots bouillonnant figurés par des gammes et des trémolos. On croit à certains moments que les vagues déchainées ont eu raison de Saint-François de Paule, mais celui réapparaît, dans le grave d’abord, puis triomphant enfin dans l’aigu alors que des accords brisés indique un retour au calme. Cette pièce, virtuose s’il en est, permet de faire briller son interprète. Le Ménestrel, rendant compte en 1869 d’un concert de Francis Planté, signale ainsi « Dans le Saint François de Paule marchant sur les flots, de Liszt, chef d’œuvre de musique descriptive, on eût dit que M. Planté disposait d’un orchestre complet, tant il a su bien imiter le mugissement des flots, les grondements de tonnerre, le sifflement des vents ; puis, après la tempête, le sourire du soleil, le calme sur la mer, le repos de la nature. »