Fantaisie pour piano et orchestre
Andante ma non troppo – Lento e molto espressivo – Allegro molto
La Fantaisie pour piano et orchestre devait constituer le quatrième envoi que Debussy, après son prix de Rome, était tenu de remettre à l’Institut. Il s’opposa toutefois à sa création, car Vincent d’Indy, qui devait la diriger 21 avril 1890, jugea le programme trop long et décida de conserver le seul premier mouvement. C’est à Londres, le 20 novembre 1919, qu’Alfred Cortot et l’orchestre de la Royal Philharmonic Society révélèrent la partition au public, plus d’un an après la mort de son auteur. On comprend que Debussy ait rejeté une audition partielle, car la Fantaisie est unifiée par un thème cyclique qui parcourt les trois mouvements, comme dans la Symphonie cévenole de d’Indy (1887), avec laquelle elle partage d’autres points communs : piano le plus souvent intégré à l’orchestre, et non traité comme un véritable soliste ; similitudes dans l’harmonie, les couleurs instrumentales et l’écriture pianistique. Cependant, la Fantaisie se distingue par la recherche d’une orchestration plus légère et transparente encore. Surtout, le discours donne une sensation d’improvisation et se libère des répétitions traditionnelles, trace – peut-être – des musiques orientales entendues à l’Exposition universelle de 1889. Plus tard, Debussy tenta de réviser sa partition, mais ne concrétisa pas son projet. En 1909, il avait écrit à Varèse : « J’ai depuis longtemps le projet de la modifier presque entièrement, depuis 1889 – époque à laquelle elle fut composée – j’ai changé d’avis sur la façon d’employer le piano avec l’orchestre. Il faut aussi écrire l’orchestre différemment, sans quoi on assiste à une lutte un peu ridicule entre ces deux personnages ! » De fait, il avait trop évolué pour qu’il fût possible de conserver la trame d’origine tout en lui imprimant le style de sa maturité.