La Nef triomphale
Chœur de circonstance commandé par Albert Ier pour l'inauguration du Musée océanographique de Monaco, le 29 mars 1910.
Les liens entre Jules Massenet et la Principauté de Monaco sont nombreux au début du XXe siècle et s’incarnent notamment dans l’amitié qui le lie à Albert Ier. Dès 1902, l’Opéra de Monte-Carlo accueille la création du Jongleur de Notre-Dame, l’œuvre est même dédiée au prince. Chérubin, en février 1905, Thérèse, en février 1907, et Don Quichotte, en février 1910, naissent également sur ces planches. Il semble donc tout naturel qu’Albert Ier fasse appel au compositeur au moment où il organise une cérémonie officielle qui lui est chère. Albert Ier a effectué plusieurs dizaines de campagnes scientifiques sur les mers et orne alors Monaco d’un splendide monument dédié à l’océanographie : un musée-palais que l’on inaugure le 29 mars 1910 après dix ans de construction. Trois œuvres nouvelles ponctuent la solennité : Ouverture de fête de Camille Saint-Saëns, La Nef triomphale de Jules Massenet et une Marche inaugurale de Léon Jéhin. Fidèle à sa prédilection pour l’art lyrique, Massenet est le seul à livrer une partition pour voix, exécutée par l’orchestre et les chœurs du Casino de Monte-Carlo. Les strophes du poète Jean Aichard chantent la gloire du prince-explorateur sans aucune retenue et cette pièce semble être celle qui a plus impressionné l’assistance. À l’issue de cette journée festive, Massenet porte un toast au nom de l’Académie des beaux-arts : probablement rédigé par l’éditeur Heugel, celui-ci se termine avec emphase : « De tout cœur, nous vous saluons donc, Prince de lumière, Prince de concorde, Prince de science et d’art, Prince utile. » Fortement liée à la circonstance de sa création, La Nef triomphale n’a sans doute pas été fréquemment rejouée depuis.