Pologne
Poème symphonique
Dans la foulée d’Irlande, Augusta Holmès compose un nouveau poème symphonique exaltant la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes. Après que la Russie a écrasé l’insurrection de Varsovie en 1831, de nombreux Polonais ont choisi la France comme terre d’accueil. L’avènement du tsar Alexandre III, en 1881, ne change rien à l’affaire. C’est dans ce contexte qu’Augusta Holmès écrit Pologne, également inspirée par le tableau de Tony Robert Fleury Les Massacres de Varsovie (1861). « Tu prieras, tu riras et danseras, et les balles de l’ennemi traverseront tes fêtes, et tu subiras le martyre, triomphante, en chantant », écrit-elle en tête de la partition. Comme dans Irlande, la musique traduit le programme pas à pas. Une brève introduction Largo religioso, calme et solennelle, précède une section de transition aux vigoureux rythmes pointés, qui mène à une mazurka « Marziale et lento », emblème de l’identité polonaise. Des roulements de timbales interrompent soudain la danse et propulsent dans le combat, évoqué par des fanfares cuivrées et des roulements de caisse claire. Le thème de l’introduction réapparaît, martial et fortissimo, dans un tempo allegro, puis se métamorphose en un calme cantabile. Un épisode Andante con moto, dont le lyrisme devient progressivement plus passionné, précède la conclusion triomphale. Créée à Angers le 11 novembre 1883, l’œuvre est reprise peu après à Paris aux Concerts populaires de Pasdeloup avec un semblable succès, le public comme la critique vibrant à l’écoute de cette épopée sonore. Villiers de l’Isle-Adam, lui, en loue les « harmonies mélodiques, sauvages parfois et savantes ».