Prométhée

Bien avant Pénélope (1913), Prométhée constitue la première rencontre de Fauré avec l’antique. Cette tragédie-lyrique en 3 actes est conçue spécifiquement pour les Arènes de Béziers et vise à renouer avec les grands spectacles de plein air. Le livret de Jean Lorrain et André-Ferdinand Hérold retrace le mythe de Prométhée qui, ayant offert le feu aux hommes, se voit condamné par Zeus à demeurer enchaîné à un rocher, le flanc rongé par un aigle. À ce scénario s’ajoute le personnage de Pandore, dont les péripéties entachent quelque peu l’équilibre dramatique et la puissance poétique du mythe original. La partition compte 9 personnages, dont 3 rôles parlés, Prométhée, Pandore et Hermès, et 6 rôles chantés, Aenoë (soprano), Bia (soprano), Gaïa (mezzo-soprano), Andros (ténor), Kratos (ténor) et Héphaïstos (basse). L’écriture vocale opère la fusion délicate de la déclamation poétique et du chant, quand l’écriture orchestrale se révèle de la plus noble pureté. Lors de la création, l’exécution musicale et scénique mobilise plus de 700 artistes dont 450 musiciens, 200 choristes et 50 danseuses. Conçus par Marcel Jambon, les décors colossaux s’élèvent depuis les gradins des arènes en de vastes murailles rocheuses. 15 000 spectateurs assistent à la création du 27 août 1900 et font un triomphe à Prométhée, même si la partition – jugée trop savante pour un rendez-vous estival – suscite quelques réserves. L’œuvre est redonnée aux Arènes de Béziers les 25 et 27 août 1901. Elle est reprise six ans plus tard à l’Ancien Hippodrome de Paris le 12 décembre et à l’Opéra Garnier le 15 décembre 1907. Une orchestration pour formation symphonique est créée par Roger Ducasse à l’Opéra de Paris le 17 mai 1917.