Quatuor à cordes no 3 en mi bémol majeur
Allegro – Pastorale (Andantino) – Minuetto (Allegro). Trio (Plus lent). Presto. Agitato
L’année 1824 est faste pour Juan Crisóstomo de Arriaga, alors âgé de 18 ans : d’une part, fort des prix obtenus dans la classe de Fétis, il devient son répétiteur au Conservatoire pour l’enseignement du contrepoint et de la fugue ; d’autre part, il connaît une certaine consécration en voyant un éditeur parisien s’intéresser à ses productions. Charles Petit publie en effet son premier (et ultime) livre de quatuors. En choisissant ce genre pour entrer dans la carrière, Arriaga se démarque de ses anciens condisciples et de la plupart de ses contemporains, davantage tournés vers l’art lyrique. Cet attrait pour la musique instrumentale, confirmé par la composition d’une symphonie l’année suivante, s’inscrit néanmoins dans la lignée de l’enseignement de son autre professeur au Conservatoire : Pierre Baillot, dont les séances publiques de musique de chambre sont, depuis 1814, une attraction notable pour l’élite parisienne. Arriaga propose dans ces quatuors une synthèse entre le style classique de l’école viennoise et les aspirations concertantes des musiciens français. Tout en soignant l’écriture polyphonique de l’ensemble, la partie de premier violon prouve que le compositeur-interprète ne tourne pas le dos à la virtuosité des œuvres de Kreutzer, Rode ou Baillot. Fétis, sans sa Biographie universelle des musiciens, rend hommage aux quatuors de son ancien élève en ces termes : « Il est impossible d’imaginer rien de plus original, de plus élégant, de plus purement écrit que ces quatuors, qui ne sont pas assez connus. Chaque fois qu’ils étaient exécutés par leur jeune auteur, ils excitaient l’admiration de ceux qui les entendaient. » On pensera, aujourd’hui, en les écoutant aux noms de Boëly et surtout Onslow.