Quintette pour piano et cordes en ut mineur op. 42
Poco lento. Moderato – Larghetto sostenuto – Maestoso. Allegro molto risoluto
Le 11 novembre 1917, le fils de Louis Vierne est tué au combat à l’âge de 17 ans. Le compositeur entreprend une partition en son hommage. Durant son élaboration, en février 1918 à Lausanne, il écrit : « J’édifie, en ex-voto, un quintette de vastes proportions dans lequel circulera largement le souffle de ma tendresse […] Je mènerai cette œuvre à bout avec une énergie aussi farouche et furieuse que ma douleur est terrible […] Celui qui a souffert toute douleur […] est peut-être capable de soulager et de consoler les souffrances des autres – tel est le rôle de l’artiste… » Ce Quintette est en effet une œuvre grandiose, un chef-d’œuvre incontestable de la musique de chambre française, d’une expression passionnée, dont on ne peut qu’être profondément ému. En tête de sa partition, l’inscription : « En Ex-Voto, à la mémoire de mon cher fils Jacques, mort pour la France à 17 ans ». Le langage sombre et chromatique rappelle celui de César Franck, d’autant que l’œuvre comporte une dimension cyclique. Introduit par un ténébreux « Poco Lento », le « Moderato » est d’un lyrisme exacerbé, jusqu’à sa conclusion apaisée, en signe de recueillement. Le « Larghetto sostenuto » fait alterner un chant élégiaque, à l’alto puis repris à toutes les cordes, avec des passages d’une intensité telle que toute la douleur de Vierne semble en jaillir. Après une introduction « Maestoso », qui reprend certains éléments précédents, l’« Allegro molto risoluto » affirme un caractère belliqueux, avec un thème parfois traité en fugato. La coda repose sur le second thème du premier mouvement, affirmant la nature organique de la partition.