Ce qu’on entend dans le Paradis…
Apaisement – Voix célestes – Hymne – Quiétude – Souvenance – Contemplation
Dans la dernière série de pièces, Ce qu'on entend dans le Paradis…, Jaëll retrouve un style musical plus traditionnel. On pense toujours à Liszt, mais cette fois à ses pièces tendres et romantiques telles que les Consolations. Le travail rythmique de Jaëll est notable, à tel point qu’en tête de partition elle interdit à son interprète tout rallentando ou accelerando, de sorte que l’intégrité de sa composition soit préservée. Apaisement est une calme évolution autour d’accords de dominante brodés de diverses manières. Les sonorités éthérées de Voix célestessont créés par de doux jeux d’arpèges dans l’aigu du clavier ; « De plus en plus éteindre la sonorité », réclame Jaëll. Hymne, bien qu’assez rapide, procède de l’esprit du choral, ses accords évoluant par mouvements conjoints dans le ton immaculé d’ut majeur. On revient à cette matière initiale après un épisode contrastant (la plupart des pièces de Ce que l’on entend dans le Paradis… sont tripartites, plus clairement que celles des deux premières partitions du triptyque). Quiétude a pour particularité de contenir cinq croches par mesure ; un motif de saut expressif connaît diverses métamorphoses, avant une série d’arpèges séraphiques. Souvenance(cinq croches par mesure là encore) est une belle inspiration, non dénuée de pathos ; des accords syncopés jouent contre la mélodie, et la partie centrale est plus plaintive encore. Contemplation est un morceau « Très recueilli », qui referme l’ensemble de la partition avec la plus grande sobriété, sans nul éclat démonstratif.