Le Roi d’Yvetot
Opéra-comique en 4 actes, créé à l’Opéra-Comique (Paris) le 6 janvier 1930.
Lauréat du Grand Prix de Rome en 1919, Ibert aborde le théâtre avec Angélique (1927), farce en un acte qui lui assure une première réputation. Avec Jean Limozin et André de La Tourrasse, c’est un trio de jeunes auteurs qui abordent le sujet du roi d’Yvetot, jadis mis en musique par Adam (1842) et Vasseur (1873). L’intrigue est sommaire et se résume à l’affrontement entre la modeste cour normande d’Yvetot et ses voisins. Tandis que le roi échoue sur le champ de bataille, il est déchu par son peuple puis réhabilité par un stratagème des femmes de la cour et célébré dans la liesse générale ! Si le livret présente quelques développements accessoires, la partition offre une solide structure alternant dialogues parlés, récitatifs, airs et chœurs. L’inspiration ouvertement éclectique d’Ibert se manifeste par l’agencement de formes multiples telles que la cantilène archaïque, la romance, le nocturne, le trio bouffe, la chanson populaire, ou encore le chant d’un rossignol enregistré sur disque, rappelant un souvenir de la Villa Médicis précieux au compositeur. Plus encore, la chanson éponyme composée en 1813 par Béranger, sert d’idée conductrice d’un bout à l’autre de la partition. La maîtrise du langage polytonal et la modernité de l’orchestration confirment l’intérêt de l’œuvre. Quand son caractère frivole et populaire gagne l’adhésion du public, la sûreté de l’écriture musicale assure à Ibert une reconnaissance académique. Le Roi d’Yvetot est créé le 6 janvier 1930 à l’Opéra-Comique sous la direction d’Albert Wolff. Bien que peu jouée, elle y demeure présente jusqu’en 1950.