Romance et Gavotte
Pour hautbois, violoncelle et piano.
Les Deux Pièces pour hautbois, violoncelle et piano de Clémence de Grandval, éditées chez Richaut en 1884, peuvent sembler – avec leur effectif plutôt insolite – hors de la réalité du monde musical. Elles reflètent pourtant parfaitement l’esthétique de l’époque qui les voit naître. Leur création a lieu le 14 janvier 1882 à la Société nationale de musique, organe artistique dans lequel la compositrice se trouve alors très impliquée. Ses premiers interprètes sont ses dédicataires : l’hautboïste Georges Gillet (1854-1920) et le violoncelliste Jules Delsart (1844-1900) ; Clémence de Grandval se charge elle-même de la partie de piano. On doit sans doute rapprocher le choix des deux genres retenus par l’autrice – une Romance andantino et une Gavotte allegro non troppo – à ceux promus par Camille Saint-Saëns, son professeur. Auteur de « romances » pour violoncelle (extrait de la Suite op. 16 et op. 51), pour violon (op. 27 et 46), pour cor (op. 36), pour flûte (op. 37), il s’intéresse également aux danses anciennes et propose des gavottes aussi bien dans la Suite op. 16 que pour le piano (op. 23, 1871). L’assemblage de ces deux genres permet de mettre en regard l’héritage baroque et l’inspiration contemporaine : construire, selon la volonté de la Société nationale, une nouvelle musique française en puisant dans ses racines historiques. Les qualités des deux pièces de Grandval s’apparentent à celles que l’on prête à son modèle : une grande clarté, une certaine rigueur formelle et une capacité à varier l’émotion exprimée, du charme innocent à la tension la plus dramatique.