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Saugefleurie op. 21

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Légende pour orchestre d’après un conte de Robert de Bonnières, créée le 25 janvier 1885 aux Concerts Lamoureux.

Six ans après La Forêt enchantée d’après Uhland, d’Indy choisit une source française comme argument de son deuxième poème symphonique : Saugefleurie, l’un des Contes des fées (1881) de son ami Robert de Bonnières. Ce récit en vers, dont il s’inspire librement, narre les brèves amours de Saugefleurie, humble fée habitant « au bord d’un lac tout fleuri de jonquilles », et d’un prince amateur de chasse à courre. L’amour humain lui étant défendu, la fée ne tarde pas à mourir sitôt les chasseurs éloignés. Le sujet fait naturellement écho, sur un ton moins fantastique que féerique, au Chasseur maudit (1883), poème symphonique de César Franck d’après une ballade de Bürger. Composée au retour d’un séjour à Munich où d’Indy a assisté à une nouvelle représentation de la Tétralogie, cette « allégorie musicale avec personnages thématiques » doit beaucoup à Wagner, et sera dédiée à Charles Lamoureux. L’orchestration, ingénieuse et suggestive, confirme les talents de coloriste de l’auteur, qui donne un rôle prédominant aux quatre cors symbolisant la chasse, parfois employés bouchés ou avec sourdine pour produire des effets de spatialisation. L’introduction, avec sa mélodie en arpèges ondoyants aux violoncelles divisés, évoque un paysage lacustre, troublé par les accords de la « fatalité » avant que s’esquisse le thème de Saugefleurie (alto puis flûte solo). Les thèmes de la Chasse et du Prince sont l’occasion de brillantes fanfares, puis c’est l’exposition du thème de la Fée (cordes et flûtes) suivie d’un « duo d’amour » passionné. La fin, émouvante, voit le thème de Saugefleurie, joué par le duo flûte-alto, se perdre parmi des sonorités irréelles et diaphanes.

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