Scherzo en si bémol mineur op. 31
Entre 1831 et 1842, Chopin compose quatre scherzos indépendants de toute sonate. Du scherzo classique ils conservent le principe de contraste entre deux thèmes et le mètre à trois temps, propice aux jeux sur le rythme et aux élans passionnés. Composé en 1837 entre Paris et Majorque, publié la même année chez Schlesinger à Paris et à Londres (où il porte le titre de Méditation), le Scherzo opus 31 en si bémol mineur est dédié à son élève la comtesse Adèle de Furstenberg. Il s’ouvre sur un triolet interrogateur : selon les dires de son ami Wilhelm von Lenz, Chopin insistait beaucoup sur son interprétation, et désirait « que ce soit une question ». Lui répond un motif lyrique en en accords plaqués. Ce double motif conduit au second thème, une cantilène con anima chantée par la main droite sur les croches continues de la gauche. L’harmonie se charge progressivement et une partie con fuoco lui succède. Avec Chopin, le scherzo, à l’origine dansant et gai, aux couleurs parfois populaires, se teinte de tourment et de mélancolie, ce que l’on retrouvera chez son ami Alkan – à qui Chopin mourant léguera le soin de publier sa Méthode – ou chez Saint-Saëns. Schumann jugeait ce morceau « extrêmement captivant » et le comparait à une poésie de Lord Byron par sa finesse, sa hardiesse et « ce mélange d’amour et de mépris ».