Sept Improvisations
Moins de dix ans après les Dix Pièces de genre opus 10, les Sept Improvisations constituent la deuxième œuvre d’envergure que Massenet consacre au piano. Composé à la fin de l’été 1874, ce nouveau recueil couche sur le papier un certain nombre d’idées ou d’images musicales spontanées, cependant organisées par une structure interne. La première improvisation cultive une tension permanente entre le ton de si bémol et le fa répété de la dominante, dans un discours centré dans le bas médium et réunissant les deux mains. Dans un 2/4 particulièrement allant, la mélodie enjouée et enivrante de la deuxième improvisation promène son flot de doubles croches avec la plus grande insouciance. Sous l’indication « triste et très lent », la troisième improvisation consacre deux portées à la main droite pour organiser les chevauchements de mains d’un pesant balancier au-dessus duquel chaque idée mélodique fane inexorablement. La quatrième improvisation est sûrement la plus surprenante dans sa construction. Quelque chose de théâtral s’en échappe dans la construction progressive d’une situation, d’un décor puis de ses personnages, menant justement à une ligne de chant de la plus délicieuse invention. Dans un andante cantabile espressivo, la cinquième improvisation se présente comme un lied empreint d’une grande douceur. La sixième improvisation débute par l’indication martellato e sempre fortissimo. Par son écriture contrapuntique volubile, elle semble convoquer la figure de Bach, mêlée à une certaine fougue beethovénienne qui se confirme jusque dans l’épisode central plus introspectif. L’œuvre s’achève par la septième improvisation, très française dans ses appuis rythmiques suggérant la danse et assurément la plus narrative du recueil.