Seven Stars’ Symphony, suite symphonique op. 132
Après avoir vu L’Ange bleu en 1933, Charles Koechlin se prend de passion pour le cinéma. Il compose cette année-là sa Seven Stars’ Symphony, dont chaque morceau est le portrait d’une star. Avec orchestre délicat incluant piano, célesta, clavecin et ondes Martenot, la partition plonge l’auditeur dans le royaume du septième art, celui de l’illusion. Partiellement créée le 14 décembre 1944 par l’orchestre de la Radiodiffusion française dirigé par Manuel Rosenthal, la Seven Stars’ Symphony connaît sa première intégrale le 16 novembre 1966 à Londres, avec Norman Del Mar à la tête du BBC Symphony Orchestra. Son premier morceau, Douglas Fairbanks, est empli de mélismes orientalisants, qu’explique le sous-titre : « En souvenir du Voleur de Bagdad ». À Lilian Harvey est réservé un spirituel « menuet fugue », où les vents apportent la légèreté, les cordes le lyrisme et le clavecin l’étrangeté. Greta Garbo, « choral païen », débute par un solo d’ondes Martenot. Puis la texture s’étoffe, sans dépasser l’épure, parfaite expression de la Divine. Clara Bow et la joyeuse Californie est un scherzo-valse dont la gaité dépeint le caractère de la scandaleuse comédienne. D’abord confié à la clarinette basse, le thème de l’Hommage à Marlene Dietrich est ensuite varié. Plus tendu, Emil Jannings, sous-titré « En souvenir de l’Ange Bleu », fait peut-être référence au destin tragique de Rath dans le film de Sternberg. Enfin, Charlie Chaplin représente plus du tiers de l’œuvre. Neuf séquences évoquent des situations des films de Chaplin, par exemple « Le sommeil du juste », la « Berceuse du Kid », « La lutte contre un costaud » et l’« Apothéose de Charlot ». Dans les années suivantes, Koechlin s’inspirera encore de stars du grand écran, en particulier Lilian Harvey, Ginger Rogers et Jean Harlow.