Sonate en mi bémol majeur op. 6 no 1
Allegro – Lento maestoso – Prestissimo
Né en 1758, Adam apprend d’abord le clavecin avant de vivre l’impressionnante évolution du pianoforte jusqu’au milieu du XIXe siècle. Édité à Paris en 1788, son recueil de Trois Sonates op. 6 (la deuxième avec « accompagnement de violon obligé ») tire parti des nouvelles possibilités de l’instrument, notamment dans les deux sonates pour le seul clavier. Les indications de nuances sont ainsi nombreuses (intensité du pianissimo au fortissimo, crescendo, diminuendo, smorzando, rinforzando). Adam joue sur la densité des textures, varie l’articulation (staccato, portando, legato), exploite tous les registres car ils ont chacun leur propre couleur (aigu gracile, médium chaleureux, grave sonore). Il utilise des formules plus appropriées au pianoforte qu’au clavecin : dans la Sonate no 1, accompagnement en accords répétés, traits parallèles aux deux mains dans l’Allegro, solides piliers d’octaves à la main gauche dans le majestueux volet central. Par ailleurs, les mouvements vifs attestent une recherche de virtuosité plus importante que dans ses œuvres antérieures. Le Prestissimo, en particulier, multiplie les gammes et arpèges rapides, à la main gauche autant qu’à la droite. Mais la vélocité n’est jamais une fin en soi, comme le soulignera Adam dans sa Méthode de piano (1804) : « Le but de la musique est de charmer et d’émouvoir. En vain, croit-on pouvoir l’atteindre par la vitesse et la difficulté de l’exécution, ce n’est que par l’expression, le style, la grâce qu’on y parvient. » Le Lento maestosofrappe par sa sombre gravité, tandis que les mouvements rapides n’oublient pas le modèle vocal.