Sonate pour violon et piano no 2
Allegro non troppo – Andante – Finale : Allegro non troppo.
Séjournant à Évian en août-septembre 1916, Fauré débute une 2e Sonate pour violon, qu’il termine à Paris dans l’hiver. Dédiée « à Sa Majesté Élisabeth, reine des Belges », admiratrice de la musique du compositeur, l’œuvre est créée le 10 novembre 1917 par Louis Capet au violon et Fauré au piano, lors d’un concert conjoint de la Société nationale de musique et de la Société musicale indépendante. Au sommet de sa maîtrise, le musicien creuse les possibilités de son langage harmonique. Ce n’est pas que Fauré cherche absolument l’originalité, mais plutôt qu’il est souverainement libre. Introduit par un motif de piano qui en est le germe, l’Allegro non troppo est un chant d’une force et d’une exaltation rares, aux incessantes modulations. Chaque thème conserve son identité dans le développement. La réexposition est un long flot mélodique, où les deux thèmes atteignent leur plénitude. La première section de l’Andante repose sur un thème mélancolique issu de la Symphonie composée par Fauré en 1884. La seconde section est plus tourmentée : sur d’impondérables harmonies, le violon « espressivo » déploie un songe angoissé. Un souffle inextinguible parcourt enfin l’Allegro non troppo. Le premier thème est donné au violon, le second au piano ; ce dernier est l’une des plus étonnantes inspirations de l’œuvre, avec ses harmonies colorées et chromatiques, qui semblent poursuivre la note juste sans jamais l’atteindre. Après des réminiscences du premier mouvement et de son introduction, l’envolée du second thème précipite l’œuvre vers sa flamboyante conclusion.