Spinnerlied aus Der fliegende Holländer von Richard Wagner S. 440
Inspiré par Les Mémoires de Monsieur de Schnabelewopski de Heinrich Heine (1834), créé à Dresde le 2 janvier 1843, Le Vaisseau fantôme est le premier opéra de ce qu’on nomme la « trilogie romantique » de Wagner, poursuivie avec Tannhäuser et Lohengrin. Le compositeur abandonne la fable italienne (Les Fées), la comédie shakespearienne (La Défense d’aimer) et la fresque historique (Rienzi) pour se tourner vers les légendes germaniques. « Le Hollandais volant » (titre de l’opéra en allemand), condamné à l’errance pour avoir défié Dieu, sera rédimé seulement si une femme lui est fidèle jusqu’à sacrifier sa propre vie. Les personnages féminins apparaissent au début de l’acte II : les compagnes de Senta filent en chantant gaiement. Senta se tient à l’écart. Obsédée par la légende du Hollandais, elle fredonne quelques bribes de la Ballade qu’elle entonnera plus loin, pour raconter l’histoire du marin maudit. De fait, la « Chanson des fileuses » (Spinnerlied) n’est pas seulement une « pièce de genre » destinée à détendre l’action : elle incarne le monde extérieur, mis en tension avec l’intériorité du rêve de Senta, qui deviendra toutefois réalité. L’adaptation pianistique réalisée par Liszt en 1860 conserve la légèreté vif-argent de la scène. Un dessin sinueux figure le mouvement des rouets sur lequel se greffe le chœur des jeunes filles. Mais Liszt écarte les passages recitativo et arioso, où les personnages dialoguent et interrompent la « Chanson des fileuses ». En revanche, il introduit à deux reprises le motif du Hollandais, appel qui jalonne la totalité de l’opéra.