Symphonie en si mineur
Allegro ben marcato – Poco più lento – Primo tempo
Grâce à Antoine Marmontel, son professeur de piano au Conservatoire de Paris, Debussy fut engagé par Nadejda von Meck pendant trois étés, de 1880 à 1882 (il se rendit même en Russie en 1881 et 1882). À l’issue de la première saison, il ébaucha une symphonie pour piano à quatre mains qu’il envoya et dédia à la riche mécène de Tchaïkovski. Mme von Meck le remercia dans une lettre de février 1881. Il ne semble pas avoir travaillé à l’orchestration de la partition, dont le manuscrit fut découvert à Moscou en 1925 dans une compilation de morceaux à quatre mains. Le titre laisse entendre que l’œuvre comportait trois mouvements : « Andante. Air de ballet. Final. » Furent-ils réellement composés ? Il ne subsiste qu’un Allegro, qui devait logiquement occuper la place finale. Le 25 mai 1912, Debussy copia deux mesures de musique dans l’album de Mme Édouard Colonne, avec l’indication « 1re symphonie à jamais inachevée », souvenir peut-être de sa partition de jeunesse. Incomplète, l’œuvre comporte toutefois trois parties (la première et la troisième utilisant le même matériau), que l’on peut entendre comme trois brefs mouvements : Allegro ben marcato – Poco più lento – Primo tempo. Son langage postromantique porte la trace de l’influence de Tchaïkovski, dont Debussy joua souvent la musique durant l’été 1880. Si ces pages semblent bien éloignées du Prélude à L’Après-midi d’un faune, des Nocturnes et de La Mer, quelques touches modales annoncent cependant les pièces pour piano qui, dans les années 1890, s’engageront sur la voie de la maturité.