Symphonie espagnole
Allegro non troppo – Scherzando. Allegro molto – Intermezzo. Allegro non troppo – Andante – Rondo
L’Espagne constitue au XIXe siècle et au début du XXe siècle une source d’inspiration importante pour les compositeurs. À mi-chemin entre l’Europe et le Maghreb, le pays offre une tradition musicale suffisamment éloignée pour donner lieu à un dépaysement sensible, mais assez proche pour être comprise et retranscrite de manière fidèle. Compositeur aux racines hispaniques hypothétiques, Édouard Lalo compose en 1874 une Symphonie espagnole dont le contenu pittoresque s’explique avant tout par la personnalité du dédicataire. Ce dernier, Pablo de Sarasate, formé à Madrid puis à Paris, est l’un des violonistes les plus acclamés de son temps. Il fera de l’œuvre (qu’il crée aux côtés de l’orchestre des Concerts populaires le 7 février 1875) le cœur de son répertoire lors de ses tournées internationales. Si l’Allegro non troppo initial est teinté d’un exotisme discret, la représentation de l’Espagne est au cœur du Scherzando, de l’Intermezzo puis du Rondo-allegro final. Comme souvent, c’est essentiellement la danse qui cristallise l’identité musicale du pays. Elle inspire ici à Lalo une écriture rythmique pleine de vie et de contrastes, qui participe de la très grande virtuosité de l’œuvre. On entend tour à tour des références à la mauresque (III), à la habanera (III et V) et à la malagueña (V). L’orchestration relevée achève de donner à cette symphonie sa pittoresque saveur. Au-delà des attrayantes et chatoyantes couleurs de l’Espagne qui ravirent d’emblée le public, les mouvements de cette « symphonie » aux allures de concerto, obéissent à des schémas formels tout à fait traditionnels, même s’il faut noter la découpe très rare en cinq mouvements au lieu de trois (concerto) ou quatre (symphonie).