Symphonie no 2 en mi bémol majeur
Adagio. Allegro agitato – Larghetto ma non troppo – Scherzo : Allegro molto – Finale : Allegro leggiero assai
Le succès remporté par la Symphonie no 1 incita peut-être Gounod à persévérer dans le genre, puisqu’il composa la Symphonie no 2 en 1855, dans la foulée de la précédente, également à destination de la Société des jeunes artistes de Jules Pasdeloup, lequel la créa le 13 février 1856. La critique loua une fois encore le compositeur pour son romantisme tempéré, tourné vers le classicisme. « Ce dont nous félicitons surtout M. Gounod, c’est d’avoir le bon esprit de faire des symphonies et de ne pas vouloir aller plus loin que Beethoven, c’est d’avoir compris qu’au-delà c’était l’abîme, et que mieux valait rétrograder un peu, en se rapprochant d’Haydn et de Mozart, que de marcher en avant et se perdre dans l’espace », écrit Paul Smith dans la Revue et Gazette musicale. Impression similaire chez Joseph d’Ortigue pour le Journal des débats : « C’est Haydn, mais Haydn à notre époque, en plein dix-neuvième siècle. Et je me demandais si Haydn se serait montré plus original, plus créateur, plus inventeur. » Cependant, plus que dans la Symphonie no 1, le style porte des traces de l’influence de Beethoven : vigueur martiale et énergie des sforzandi (en particulier dans l’introduction lente du premier mouvement), contraste des thèmes dans les formes sonate (Allegro agitato et Finale), densité du travail thématique qui infiltre même les sections de transition et, par moments, superpose du matériau issu de thèmes différents. Mais à l’inverse de Beethoven, Gounod évite toute agressivité. Il tire en revanche parti de son imagination mélodique, propre à séduire les auditeurs de son temps et à masquer ce qu’il doit au maître de Bonn.