Tosca

Milan, février 1889. Puccini assiste à une représentation du drame de Victorien Sardou, avec Sarah Bernhardt dans le rôle-titre. Le jeune compositeur est immédiatement séduit par la concision et la puissance du drame. Mais les droits d’adaptation de La Tosca sont déjà réservés à Alberto Franchetti, pour lequel Luigi Illica retravaille le texte de Sardou. Le projet est bien amorcé quand Puccini écrit à Ricordi : « Tu n’imagines pas le désir que j’éprouve pour Floria, il est bien plus fort que celui de Scarpia ». Alors que Manon Lescaut (1893) et La Bohème (1896) offrent à Puccini une notoriété nouvelle, Ricordi accède finalement à sa demande. L’affaire s’engage au printemps 1898 et Puccini obtient le concours de Giuseppe Giacosa. Ensemble, les librettistes réduisent les vingt-trois personnages initiaux à neuf et condensent l’action sur l’affrontement hautement dramatique du triangle amoureux formé par Scarpia, le chef de la police, Tosca, la célèbre cantatrice et le peintre Cavaradossi condamné pour délit d’opinion. Pleinement investi dans la composition, Puccini séjourne à Rome pour s’imprégner de l’atmosphère du Château Saint-Ange et relève le son de la grande cloche de la basilique Saint-Pierre. La partition confirme la coupe propre au compositeur, évacuant l’ouverture – réduite à l’exposition tonitruante du motif de Scarpia – et privilégiant le dialogue dramatique plus que l’air ou l’ensemble. Chacun des trois actes culmine en une page musicale inscrite au panthéon lyrique : le « Te Deum » du I^er acte, le « Vissi d’arte » de Tosca au II^e acte, et enfin « E lucevan le stelle » chanté par Cavaradossi au III^e acte. Créée le 14 janvier 1900 à Rome, Tosca fait aussitôt carrière à l’international et se joue la même année à Milan, Madrid, Londres, Buenos Aires, puis au Metropolitan Opera de New York dès 1901. Durablement marqué par Maria Callas dans les années 1950 et 1960, le rôle de Tosca représente une étape-clé dans la carrière de ses interprètes.