Traité de haute composition musicale

À l’heure d’écrire son Autobiographie, Reicha signale : « [Mon] troisième ouvrage sur la musique, le plus considérable des trois, est maintenant entre les mains des graveurs. […] Comme il n’est pas encore publié, nous n’en dirons pas davantage, excepté que les trois ouvrages formeront le cours complet de toute la matière sur la composition, et qu’on l’attend avec une grande impatience. » Divisé en six livres, le Traité de haute composition musicale est publié en deux temps (1824 et 1826) et sera effectivement reconnu comme le chef-d’œuvre pédagogique de son auteur, rapidement traduit en anglais, allemand, italien et espagnol. Comment Reicha sépare-t-il la haute composition de la composition vulgaire ? Ses observations préliminaires l’expliquent : « Dans tous les arts (et surtout en musique) il existe un degré que l’on peut atteindre, jusqu’à un certain point, avec les seules dispositions naturelles ; mais en même temps, il est impossible de dépasser ce terme, si l’art ne vient à notre secours, en nous initiant à ses mystères. C’est cette dernière partie de l’art qui constitue ce que l’on doit appeler haute composition. » Néanmoins, la première partie commence par donner les principes élémentaires. Le deuxième et troisième livre s’occupent de ce qui constitue, pour Reicha, la matière principale de la composition : le contrepoint sous les formes les plus variées, et les imitations et canons. Les quatrième et cinquième livres présentent la fugue, en différenciant entre la fugue ancienne et la fugue moderne. Reicha est ici le premier à utiliser le terme d’« exposition », resté en usage jusqu’à nos jours. Le sixième livre, « de l’art de tirer parti de ses idées ou de les développer », analyse les formes musicales. Parmi les aspects les plus novateurs de ce texte, on trouve une réflexion sur les quarts de ton, utiles pour « imiter plus fidèlement la déclamation ordinaire ».