Skip to main content

Trente-six Fugues pour piano

Composer(s):
Date :
Musical ensemble:
Instrument(s) :

À l’inverse de maints musiciens qui considèrent la fugue comme l’incarnation de la rigueur académique, Reicha fait du genre le cadre d’étonnantes expérimentations. Ses Trente-six Fugues pour piano éditées vers 1805 au Magasin de l’imprimerie chimique à Vienne, avec une dédicace versifiée à Haydn, empruntent quelques sujets à des compositeurs comme Frescobaldi, Bach, Haendel, Scarlatti, Mozart et Haydn. Mais parallèlement à ces hommages, elles abondent en audaces qui touchent le rythme (no 20 à cinq temps, no 24 à sept temps, no 30 superposant mesures à C barré et 3/4), la nature du sujet (rythme bancal du no 10, staccato troué de silences du no 12, notes répétées du no 18, incertitude tonale du no 29). Le parcours tonal, riche en modulations, s’aventure souvent dans des tons éloignés, voire se laisse tenter par un langage modal (no 13). Quelques pièces concluent dans une tonalité différente de celle du début (no 25 qui va de majeur à la bémol majeur, au triton). Par ailleurs, Reicha s’ingénie à présenter le sujet sur des degrés autres que la dominante ou la sous-dominante. Dans les Fugues nos 17 et 20, il le transpose même sur les douze notes du total chromatique. Conscient que cette musique de l’avenir ne sera pas du goût de tous, il remarque en tête de sa fugue modale : « Il est réservé aux philosophes et aux génies qui suivront l’époque où nous sommes de tirer toutes les conséquences de ce système important, ainsi que des mesures composées et de leur emploi ; mais la subtilité d’un goût conventionnel, l’ignorance et les préjugés, si funestes aux progrès des arts, et qui sont l’apanage de petits esprits, s’y opposeront bien longtemps. » 

Permalink

https://www.bruzanemediabase.com/en/node/7341

publication date : 06/09/23



Go to search