Trio en si mineur pour violon, violoncelle et piano
En ses trois mouvements, ce trio inaugure une nouvelle conception de l’écriture musicale qui constituera jusqu’au bout la « deuxième manière » de Durosoir : effritement de la ligne mélodique, affrontement des sections, élargissement des registres et quête de l’extrême aigu, sollicitation de la très haute technique instrumentale, couplements de timbres instrumentaux à la recherche d’une nouvelle pensée du son, structure brisée, écriture déconstruite, élargissement de l’espace sonore. Le premier mouvement est de conception rhapsodique : d’abord un tableau sombre, fait du balancement lancinant au piano, d’appels véhéments au violoncelle, et de l’implacable réplique du violon. Puis c’est l’entrée d’un thème « nerveux et fier », d’une rudesse presque martiale. Sections très opposées, brefs épisodes. Quand cette conversation véhémente tourne à l’affrontement, la première idée revient avec sa gravité profonde. La triste cantilène du violon qui domine le second mouvement est par deux fois perturbée par un épisode tourmenté, désordonné et violent ; mais le violon impose toujours sa morne tristesse et sa nostalgie. Les deux éléments principaux du troisième mouvement, « vif et passionné », bientôt relayé par un « très rêveur », tout en structurant le mouvement, laissent parfois place à des sections qui renouvellent le matériau musical, influent sur le tempo et l’atmosphère momentanée. En conclusion de cette œuvre longue et énigmatique, le Final énonce une dernière fois le thème « nerveux et fier » du premier mouvement, seule évocation d’une possible pensée cyclique.