Trio pour violon, violoncelle et piano no 3 en ut mineur
Allegretto – Andante – Scherzo – Finale : Allegro
Si Félicien David doit sa célébrité à d’amples partitions pour voix et orchestre, comme LeDésert, La Perle du Brésil ou Lalla-Roukh, il a toutefois consacré une part non négligeable de sa production à la musique de chambre. En témoignent notamment Les Quatre Saisons pour quintette à cordes, quatre quatuors à cordes (le quatrième inachevé) et trois trios avec piano. Écrits en 1857, ces derniers sont dépourvus de l’orientalisme auquel le compositeur est généralement associé. Le Trio no 3 est dédié à Arlès-Dufour, membre de la communauté saint-simonienne (comme David), qui fit ensuite fortune dans les soieries et la finance. Grand philanthrope, l’industriel remit des lettres de recommandation à son ami musicien, qui lui permirent de rencontrer Mendelssohn et Meyerbeer lors de son voyage en Allemagne en 1845. La partition rappelle justement Mendelssohn par sa recherche de clarté, son mélange de classicisme et de romantisme. Dans l’Allegro moderato, le matériau mélodique est presque toujours confié aux cordes, sur les accords répétés ou les batteries du piano. L’Andante au rythme berceur et à la fraîcheur candide fusionne une danse populaire avec l’élégance d’un salon. Ici, les instruments dialoguent davantage, dans l’esprit d’une conversation galante. Les staccatos piquants du troisième mouvement se souviennent de maints scherzos de Mendelssohn, tandis que l’un des motifs (formule ascendante sur note pédale) possède une parenté troublante avec la neuvième pièce des Papillons de Schumann. Le vigoureux finale repose sur des rythmes syncopés et fonde son discours foisonnant sur l’écriture en imitation.