Trois Pièces hispanisantes pour piano
1. Ecos de Cerdaña – 2. Panaderos – 3. Ritmos españoles
Comme de nombreux compositeurs français de son temps, La Tombelle succomba à la mode de l’Espagne. Il écrivit ces trois pièces pour piano, récemment réunies en suite par Jean-Emmanuel Filet en raison de leur source d’inspiration commune et de la succession de leurs tonalités (mi mineur, ut majeur, mi majeur, avec de nombreuses inflexions modales). Le titre du premier morceau invite à dater la composition de 1909, année où l’excursion de l’Automobile Club du Périgord mena en Cerdagne (partie des Pyrénées que se partagent la France et l’Espagne). Lors d’un concert à Puigcerdà, La Tombelle joua Ecos de Cerdaña et Ritmos españoles. Aurait-il également voulu rendre hommage à Albeniz (qu’il avait fréquenté à Paris), mort en 1909 ? Et savait-il que son ancien élève Déodat de Séverac était en train de composer le cycle pianistique Cerdaña ? Dans ses trois pièces pour piano, La Tombelle distille un exotisme ibérique que ses auditeurs pouvaient immédiatement identifier comme tel : élision de la note sensible, acciaccaturas épiçant l’harmonie, formules ornementales caractéristiques, sensualité languide au début des deux premières pièces, référence à des rythmiques espagnoles. Ainsi, le titre Panaderos est emprunté à une danse flamenca proche du boléro (dont on retrouve ici les appuis caractéristiques). La dernière pièce est de structure rhapsodique, chacune de ses parties possédant son propre matériau, sa tonalité et son caractère (l’une des sections, Lento, adopte le rythme de la habanera), pour conclure sur un feu d’artifice de virtuosité.