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Veneziana

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La Veneziana est l’une des œuvres les plus idiomatiques de Gounod consacre au piano. S’inscrivant dans le genre de la « barcarolle », hanté par la référence mendelssohnienne, l’auteur approche une forme à mi-chemin entre vocalité épurée et musique instrumentale. En guise d’épigraphe, Gounod puise dans la Divine Comédie de Dante : « Il n'y a pas de plus grande douleur que de se rappeler une période heureuse lorsqu’on est dans la misère ». Il faut dire qu’en 1874, année de publication de cette pièce, Gounod revient d’Angleterre et sort d’une relation tumultueuse avec la cantatrice Georgina Weldon. L’œuvre est introduite par quelques arpèges haletants, écrits à la manière d’une harpe, et qui formeront le flot ininterrompu, à la fois narratif et introspectif conduisant de la première à la dernière mesure. Tout l’art mélodique de Gounod se trouve dans la beauté sobre et sans apprêt de la phrase étirée, dont il précise qu’il faut « marquer le chant ». Son balancement incessant traduit certainement autant la figuration d’une gondole imaginaire que les tourments d’un cœur dont l’auteur aimait à dire qu’il était « à la vie du corps […] la circulation et la respiration de l'intelligence ». Quelques modulations sobres et sans apprêt reconduisent inéluctablement à l’atmosphère étale du début de l’œuvre. Enfin, la Veneziana, par la sobriété de son apparence et la profondeur de son propos, a contribué à l’idée son auteur selon laquelle toute œuvre éclot de « la lumière personnelle de la sensibilité, pour se consommer dans la lumière impersonnelle de la raison. »

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