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Trois Nocturnes pour piano op. 34

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1. Lento – 2. Adagio cantabile – 3. Larghetto espressivo

L’épigraphe de la première pièce (« La nuit avait envahi la nef de la cathédrale ») rappelle que Vierne avait entendu l’orgue Cavaillé-Coll de l’église abbatiale Saint-Ouen, à Rouen, dont son ami Albert Dupré (père de Marcel) était titulaire. Le nocturne, achevé le 7 décembre 1915, dans la foulée de ce séjour normand, évoque l’acoustique du monument et son instrument par ses amples dimensions et ses sonorités puissantes. Le deuxième morceau, terminé huit jours plus tard, se réfère à une nature printanière, comme l’indique l’épigraphe empruntée à l’Intermezzo lyrique de Heine (« Au splendide moi de mai, lorsque les bourgeons rompaient l’écorce »). Plus calme et lumineux que le premier nocturne, il frappe cependant par son écriture touffue et son chromatisme tortueux. On songe alors à Heine, qui masque d’ardentes brûlures sous une apparente candeur. Vierne composa le dernier nocturne en Suisse, lors d’une tournée qui lui permit aussi de consulter l’ophtalmologue Samuel Eperon afin de soigner son glaucome. Achevée à Genève le 23 janvier 1916, la pièce prend davantage ses distances avec les idiomes de l’orgue. Elle se souvient de la vallée de l’Eure à Jouy, près de Chartres, où Vierne entendit un merle au printemps 1913. Mais dans l’épigraphe, l’oiseau se métamorphosa en rossignol, plus romantique (« La lumière rayonnait des astres de la nuit, le rossignol chantait »). C’est en Suisse également, à Lausanne, que Vierne créa ses Nocturnes (dédiés à Madeleine Richepin, soprano et parente du poète Jean Richepin), le 6 octobre 1916. Il fallut attendre près de dix ans pour qu’Emma Boynet les dévoile à Paris, le 3 mars 1926, dans un concert de la Société musicale indépendante.

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