Théâtre de la Renaissance. Reprise de L’Œil crevé

Théâtre de la Renaissance. — Reprise de l’Œil crevé, opérette en trois actes, de MM. H. Crémieux et Herve, musique dudit Hervé. 

Grâce aux retouches et à l’esprit semés dans l’Œil crevé par M. Crémieux, l’ineptie incompréhensible de M.Hervé est devenue presque amusante et grâce au talent des interprètes, le public un peu froid et légèrement écœuré au début de la soirée, a écouté gaîment une pièce enfantée dans un moment de folie. 

M. Hervé a écrit sur un tissu de bêtises, qui lui est propre, une musique originale assez agréable à entendre ; la partition l’Œil crevé est peut-être la meilleure des quelques partitions signées par ce musicien envers qui la célébrité est rebelle.

M. Koninga monté l’Œil crevé avec le même soin que s’il se fut agi d’une opérette d’Offenbach ou de M. Lecocq ; M. Hervé peut en être fier, car pas un directeur autre n’aurait eu l’audace du directeur de la Renaissance. 

Quelle sera la fortune de l’Œil crevé à la Renaissance ? Il serait difficile de le prédire ! Cependant, je crois à un succès de curiosité plutôt dû aux interprètes et à la mise en scène qu’à la pièce et à sa musique.

Mme Jane Badine a trouvé une belle occasion d’employer son filet de voix dans le rôle de Fleur-de-Noblesse. Mme Desclauzas a été finement amusante selon son habitude. Mlle Mily-Meyer, en voulant faire beaucoup d’effet, n’en a pas fait du tout.

MM. Jolly, Vauthier, Alexandre, Gilbert et Jeannin ont beaucoup de verve et d’entrain.

Quant à Mlle Andrée Dalti, j’attendrai un autre rôle pour la juger.

UN MONSIEUR DU PARTERRE.