Prélude, Interlude et Fantaisie pour deux pianos

Le Prélude, vingt-trois mesures à C en fa mineur, de structure libre et de caractère improvisé s’enchaîne à l’Interlude : 107 mesures en si bémol mineur. La fantaisie à 3/8, « vif et léger »,  entraîne les deux pianos dans une joute animée et joyeuse où chacun tente de voler à l’autre la substance de son discours. Commencée en fa mineur, elle se termine en do mineur. C’est peu de dire que la tonalité chez Durosoir est illusoire, tant elle est mouvante, altérée, détournée. Pour dépayser davantage encore l’oreille, l’aspect très personnel de l’écriture pianistique du compositeur se montre ici dans toute sa singularité. Le jeu instrumental, complexe, est mis au service d’une occupation constante d’un très vaste espace sonore. Les tonalités chargées de bémols se marient aux rythmes recherchés et à leurs superpositions étranges pour varier à volonté l’atmosphère sonore. L’œuvre est marquée par une certaine violence, toujours présente chez Durosoir, mais ici peu contrebalancée par des épisodes plus doux. C’est une impression d’urgence et de tension qui domine l’œuvre.