Berlioz et le grand opéra : Benvenuto Cellini. Chronique d’une chute annoncée
Le 5 septembre 1830, peu après la cérémonie de la remise du prix de Rome, Hector Berlioz écrit à sa sœur Adèle : « Cette révolution est faite exprès pour la liberté des arts », puis il poursuit : « [...] je parviendrai dix fois plus tôt que je ne l’eusse fait sans elle. » C’est dans cette impatience d’action et d’inspiration qu’il compose – entre 1834 et 1838 –, Benvenuto Cellini. On le sait, ce fut un échec retentissant ; une forme de mise à mort de ses prétentions à s’emparer de ce genre en pleine expansion grâce aux talents et génies conjugués de musiciens, poètes, compositeurs, interprètes, décorateurs, financeurs, public, journalistes...
Lorsque, bien des années après, en 1852, pour Weimar, Berlioz reprend sa partition, il affirme, constatant une vitalité enfuie et une histoire révolue : « Je ne puis m’empêcher d’y rencontrer une variété d’idées, une verve impétueuse, et un état de coloris musical que je ne retrouverai peut-être jamais et qui méritaient un meilleur sort. » Notre interrogation se fonde sur le constat de ce pari perdu, de cet engagement déjoué. La proposition esthétique que fit Berlioz ne reçut pas un accueil favorable. À quoi cela tint-il ? La question reste ouverte de savoir si Berlioz ne fut pas le premier coupable d’avoir pensé que le Paris du juste milieu reconnaîtrait l’art pur au détriment de l’affaire commerciale.
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publication date : 18/09/23