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Séance publique de l'Institut

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Nouvelles de Paris. […] 

La distribution des prix pour les concours annuels de l’Académie des Beaux-Arts a eu lieu jeudi dernier à l’Institut. On se rappelle que le premier grand prix de composition musicale a été remporté par M. Boulanger, âgé de 20 ans, élève de MM. Lesueur et Halevy, et le second grand prix par M. Delacour, élève de MM. Berton et Fétis. L’inévitable discours académique a poursuivi les spectateurs de violentes diatribes dirigées contre toute tentative d’innovation. Quiconque veut faire autre chose et autrement que ce qui est fait est réputé fou, malade, enragé, par MM. de l’Académie. Honneur au contraire, au jeune homme probe, délicat, qui, plein de respect pour les traditions de ses ancêtres et pour leurs profondes lumières, frémit à la seule pensée de s’écarter le moins du monde des voies par eux tracées. Celui-ci est certain de réussir, à l’Académie au moins. Pour l’autre, on lui ferme rudement les portes de la docte assemblée dans laquelle il n’est pas dignus intrare. Joignant l’exemple au précepte, les jugeurs du concours de sculpture ont exclu les huit concurrents qui s’étaient rendus coupables du crime énorme de dépasser les dimensions du programme. L’audace était étrange en effet. Eh quoi ! messieurs, d’honorables professeurs se donnent la peine de fixer les bornes où vous devez arrêter les élans de votre génie, ils vous mesurent par centimètre et par millimètre l’espace que vous pouvez permettre à votre imagination de parcourir, et vous ne vous montrez pas satisfaits, reconnaissants ! Loin de là, vous vous permettez de rompre un ordre si bien établi, et vous voilà faisant plus qu’on ne vous demandait, dépassant des proportions qui devaient être les modèles du beau, puisqu’elles avaient pour base les dimensions du génie de vos professeurs. Vous, jeunes gens, vous qui n’avez pas encore l’avantage d’avoir des fronts chauves ou des cheveux blancs, vous osez enfreindre les règles d’un programme auquel Phidias et Praxitèle eussent été fiers de se conformer. En vérité vous ne méritiez pas moins. Le concert a commencé par l’ouverture de Virginie de M. Berton ; puis est venue ensuite la cantate qui a valu à M. Boulanger son premier grand prix. Le sujet était Achille pleurant la mort de Patrocle et jurant sur son corps de le venger. M. Boulanger qui s’est restreint lui, dans les conditions de son programme, a fait preuve d’heureuses dispositions. On n’est pas un grand compositeur parce qu’on remporte le prix de l’Institut, cependant on peut encore indiquer les germes du talent : c’est ce qu’a fait M. Boulanger. Il eût peut-être mieux réussi en dépassant les conditions des programmes, mais il eût été infailliblement expulsé. Il a rencontré des mélodies d’un sentiment vrai, et son orchestre est écrit avec adresse. Ponchard a chanté ce morceau avec une admirable expression et une perfection de phrasé malheureusement bien rare de nos jours.

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Composer, Journalist

François-Joseph FÉTIS

(1784 - 1871)

Composer

Ernest BOULANGER

(1815 - 1900)

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Achille (Paulin)

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