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Séance annuelle de l'Académie des Beaux-arts

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SEANCE ANNUELLE DE L’ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS du 2 octobre 1847.

La réunion était très nombreuse, très brillante, très animée. Comme toujours, les femmes y étaient en majorité, privilège que l’Académie des Beaux-Arts partage avec l’Académie Française. Que MM. les Académiciens ne se rengorgent pas trop dans leur habit vert de perruche ; ce n’est pas pour eux ni pour leurs beaux yeux, mais pour entendre Alizard, Roger, Mlle Grimm, que tout ce public se pressait samedi dans l’enceinte du palais Mazarin. La séance s’ouvre par l’exécution d’une ouverture de M. Renaud de Vilback. Ce morceau instrumental ne renferme pas beaucoup d’idées neuves ; cependant il est composé dans d’assez bonnes conditions mélodiques, et il a fait plaisir. M. Massé a envoyé une symphonie qui renferme quelques qualités. M. Raoul Rochette a lu ensuite une notice fort intéressante sur la vie et les ouvrages de M. Langlois peintre. Cette notice a été vivement applaudie, et il y avait d’autant plus de mérite à intéresser l’auditoire, qu’il devait être plus impatient d’entendre la cantate, qui était le principal attrait de la séance. Cette cantate, composée par M. Deffès, offre de véritables beautés dans toute la première partie. Au début, il s’est heureusement inspiré d’un souvenir de Félicien David, pour figurer par une tenue de basse l’immensité et le silence du désert. Le premier récitatif et la romance ont été chantés avec une perfection inexprimable par Roger. Expression dramatique, grâce, tendresse, douleur, regret, tous les sentiments en un mot des paroles et de la musique ont été merveilleusement rendus par notre habile ténor. Mlle Grimm est venue ensuite prêter à l’ange Azarias le charme de sa voix pure et puissante. Elle a très bien dit avec Roger un duo fort bien écrit, et qui lui a fourni l’occasion de faire briller son beau talent. Alizard remplissait le rôle de Tobie. Son arrivée est annoncée par une marche très bien instrumentée. Malheureusement c’est à partir de ce moment que faiblit le compositeur. Dans un trio sans accompagnement, où il aurait pu merveilleusement employer les ressources vocales mises à sa disposition, il n’a trouvé que le moyen de faire de la science et d’étaler des connaissances théoriques qui ne remplaceront jamais l’invention et la mélodie. Le trio final vaut beaucoup mieux ; il a de la chaleur et ne manque pas de style. En somme, cette cantate est une des meilleures qui aient été depuis longtemps couronnées par l’Institut. Espérons que grâce à l’institution de l’Opéra national, les élèves de Rome ne seront plus réduits pou le reste de leurs jours à l’unique exécution de leur cantate de prix. Nous n’avons rien dit du sujet traité ; c’est l’épisode de la guérison miraculeuse de Tobie, si naïvement et si admirablement racontée dans la Bible. Ce sujet, quelque grand qu’il soit, manque par lui-même de variété. C’était un écueil pour le poëte comme pour le compositeur. Il faut dire cependant que M. Halévy, l’auteur de ce petit poëme, y a déployé les qualités d’écrivain élégant et pur que tout le monde connaît. 

ESCUDIER

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Composer

Victor MASSÉ

(1822 - 1884)

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RENAUD DE VILBAC

(1829 - 1884)

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Louis DEFFÈS

(1819 - 1900)

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